Bonjour à tous,
Aujourd'hui j'aimerai vous montrer le travail de recherche et explications sur un type qui me plait beaucoup, les 960 reis du Brésil, bonne lecture ;-)
960 Reis, l’histoire d’une monnaie :
La pièce de 960 Réis témoigne particulièrement de l'histoire du Brésil. Comme tous les grands modules en argent du XIXe siècle, il s'agit d'une pièce imposante et attractive. Mais la particularité de la 960 Réis est qu'elle n'a pratiquement jamais été frappée sur des flans neufs. En effet, dans la grande majorité des cas, environ 90%, des pièces de 8 Reales des colonies espagnoles, très abondantes en Amérique latine au début du XIXe siècle, ont été utilisées comme support. Après avoir été chauffées afin de limiter au mieux les restes de la monnaie « hôte», elles ont été refrappées aux armes de la colonie portugaise du Brésil (type I et type II) puis de la monarchie brésilienne à partir de 1823 (type III et type VI). Malgré tout et dans la plupart des cas, des traces de l'ancienne frappe espagnole restent visibles. Donc sur la plupart des exemplaires, nous pouvons distinguer au revers le lion du León, la tour de Castille et les trois lys des Bourbons qui font partie du blason de la couronne d'Espagne mais également des reste des piliers ou encore des fantômes du portrait du monarque.
Dans des cas très rares, d'autres grands modules en argent ont été utilisés pour frapper les 960 Réis, comme le peso sud américain, le thaler autrichien, le dollar américain ou bien encore tout autre monnaie qui pouvait correspondent aux critères pour une refrappe, mais ces exemplaires restent très difficiles à trouver.
famille royale qui quitte le Portugal pour le Brésil
Pourquoi une nouvelle pièce de monnaie brésilienne apparaît-elle au début du XIXe siècle ? En 1808, le régent du Portugal, le prince Jean (régence : 14 juillet 1799 – 16 janvier 1815), et sa cour débarquent au Brésil et s'installent à Rio de Janeiro. Il s'agit d'une solution de repli pour faire face à l'invasion du Portugal pour les troupes napoléoniennes. L'année suivante, la création d'une nouvelle pièce est décidée, reprenant les armes de Bragance de la couronne portugaise à l'avers et un globe posé sur la croix de l'ordre du Christ symbolisant l'empire portugais au revers, avec la légende suivante :
« JOANNES·D·G·PORT·P·REGENS·ET·BRAS·D· » il s’agit là, de la toute première « 960 Reis », le type I. (essai de 1809, flan neuf, tranche lisse : ultra rare)
Les frappes courantes, en refrappe, ont démarrées en 1810 et produites par les villes suivantes : Rio de Janeiro (R), Bahia (B) et Minas Gerais (uniquement en contre marque)
Cette opération monétaire est plutôt avantageuse pour les Portugais. En refrappant à 960 Réis une pièce de 8 Reales espagnols qui s'échangeait alors aux alentours de 750 Réis brésiliens, ils réalisaient une plus-value de plus de 25 %.
Bénéficiant de la présence continue de la cour royale portugaise et ce malgré la fin des guerres en péninsule ibérique (1808-1813), la colonie du Brésil obtient en 1815 un statut politique la plaçant quasiment au même niveau que la métropole : c'est la création du Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et de l'Algarve. (16 janvier 1815 – 20 mars 1816)
Ce changement de statut est perceptible au niveau monétaire avec un changement au niveau de la légende du type I, au millésime 1816 et l’atelier de Rio (R) une variante de légende fut apporté :
« JOANNES·D·G·PORT·BRAS·ET·ALG·P·REGENS· »
Toutefois la frappe du type I, ancienne légende fut encore frappé jusqu’à la création du type II.
A partir de 1818 la frappe d’un type II est lancée. Le blason portugais et le globe terrestre se superposent alors au revers. L'avers libéré de l'ancien blason reçoit alors sous la couronne deux branches de fleurs, la valeur monétaire, la date et la lettre d'atelier (B pour Bahia ou R pour Rio de Janeiro). Sur la légende, Jean VI, devenu Roi du nouveau grand royaume (20 mars 1816 – 12 octobre1822) à la mort de sa mère la reine Marie I, est annoncé comme souverain de la nouvelle entité :
« JOANNES VI D G PORT BRAS ET ALG REX ».
Ce 2ème type est frappée jusqu'en 1822, date proclamée de l'indépendance du Brésil.
En effet, en 1821, Jean VI et sa cour retournent au Portugal pour tenter de rétablir leur souveraineté face à des soulèvements populaires guidés par des aspirations libérales ; non sans avoir nommé auparavant son fils, régent du Brésil (le futur Pierre Ier du Brésil).
Ces mêmes aspirations, cumulées à une volonté d'indépendance, vont mener une partie de la population du Brésil à se révolter et à mettre en place leur propre Etat souverain dirigé par une monarchie distincte de celle du Portugal.
Le 12 octobre 1822, l'un des fils du roi Jean VI est proclamé empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. La pièce de 960 Réis n'est pas abandonnée pour autant suite à cette indépendance. Un 3ème type fait son apparition à partir de 1823. On ne retrouve plus, au centre de l'avers, que la mention 960 sans unité, la date et l'atelier étant relégués en bas de la légende. Au revers, le blason portugais disparaît définitivement au profit des nouvelles armes de l'empire brésilien: le globe sur la croix entouré de 19 étoiles au sein d'un blason couronné.
Après plusieurs années de tensions avec les libéraux, Pierre I abdique finalement la couronne brésilienne au profit de son fils de cinq ans, le jeune Pierre II, le 7 avril 1831. Il quitte alors le pays avec sa seconde épouse, afin de restaurer les droits de sa propre fille, Marie II sur le trône portugais.
La dernière frappe pour l’empereur Pierre I est daté 1827, uniquement pour Rio.
Les toutes dernières monnaies sont frappés de 1832 à 1834 au nom de Pierre II. (type IV - rares à trouver)
En 1834, la frappe des pièces de 960 Réis est définitivement abandonnée. Elles seront remplacées par des pièces de 800 Réis et des pièces de 1200 Réis frappées sur flan neuf sous le règne de Pierre II. Puis à partir de 1848, la réforme du système monétaire brésilien sur une base décimale entraîne leur remplacement par des pièces de 1000 et 2000 Réis sur lesquelles le portrait de Pierre II fait son apparition à partir de 1869.
Pour illustrer, cette publication, je joint des photos d'un de mes exemplaires du type I, une 1818 R avec une particularité intéressante : refrappe sur un peso du Chili 1817 !
aperçu de la pièce "hôte" :
mon autre exemplaire du type I, une 1816 Bahia , refrappe sur 8 reales colonial espagnol :
reste du portrait et des armoiries encore visibles !
Petit complément pour savoir s'il y s'agit d'une R ou B :
Pour Bahia, la pointe de la croix est en triangle et pour Rio elle este en trapèze !
Mon exemplaire du type II, 1820 R, refrappe sur 8 reales colonial espagnol, traces peu visible...
Et pour finir, mon exemplaire du type III, 1826 R, refrappe sur 8 eales colonial espagnol, date visible 1821
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merci et a bientôt...